En quelques années, la start-up française Doctolib s’est imposée comme leader de la prise de rendez-vous médicaux en ligne. Le géant américain Google a annoncé en mars 2022 lancer son propre système de réservation directement dans son moteur de recherche. S’il décide de s’attaquer au marché français, risque-t-il de mettre en péril l’évolution future de la licorne française ?
Doctolib, une licorne française dans le secteur de la santé
Doctolib est un service de gestion des rendez-vous à destination des professionnels de santé créé en 2013. La plateforme permet aux internautes de prendre des rendez-vous auprès d’un nombre toujours croissant de médecins et d’hôpitaux. Elle opère en France, mais aussi en Allemagne depuis 2016 et plus récemment en Italie avec le rachat du site Dottori en 2021.
La start-up a réussi dès sa création des levées de fonds importantes qui lui ont permis de connaître une croissance fulgurante. En 2019, sa valorisation a dépassé le milliard d’euros, la faisant entrer dans le cercle très fermé des licornes françaises. La pandémie a encore renforcé sa croissance, notamment grâce au rôle clé que la plateforme a joué dans le cadre de la campagne de vaccination avec 90% des rendez-vous pris via son site. C’est aujourd’hui la plus grande start-up française avec 2 300 salariés.
Google développe son activité dans le domaine des soins
Ces dernières années, les GAFAM affichent un intérêt croissant pour le secteur de la santé, encore renforcé par la pandémie de COVID-19. Le 24 mars 2022, Google a dévoilé ses nouvelles ambitions dans ce domaine en annonçant qu’il était en train de signer des accords avec des hôpitaux et des établissements de soins. Le but du moteur de recherche est de pouvoir afficher directement dans sa page de résultats les prochains rendez-vous disponibles pour un praticien. À ce stade, cette fonctionnalité n’est prévue que si l’internaute recherche directement le nom du médecin. Elle ne permet pas encore d’afficher les créneaux disponibles pour tous les praticiens d’une spécialité donnée dans un secteur géographique défini.
La prise de rendez-vous se fait en utilisant un bouton situé sur la page de résultats qui renvoie le patient vers le site ou le système de réservation utilisé par le professionnel de santé choisi. Google prévoit de déployer cette nouvelle fonctionnalité sur le territoire américain dans le courant de l’année 2022, et envisage de l’étendre au reste du monde dans un second temps. Parmi les autres projets médicaux du géant de la Silicon Valley, on trouve un système d’analyse d’échographies par l’intelligence artificielle ou encore un smartphone pouvant être utilisé comme stéthoscope.
Google, un concurrent sérieux de Doctolib en France et en Europe ?
La licorne française a-t-elle des raisons de trembler devant les GAFAM ? Pour l’instant, la position de Doctolib ne semble pas pouvoir être mise en péril par Google. La plateforme possède en effet un avantage de taille : elle permet directement la prise de rendez-vous, tandis que le moteur de recherche se contente de renvoyer vers des systèmes de réservation tiers. La menace deviendrait plus importante si le géant de la Silicon Valley décidait de mettre en place sa propre plateforme de gestion de rendez-vous, devenant ainsi à son tour un intermédiaire direct entre les professionnels de santé et les patients. Cependant, les GAFAM ne sont pas vraiment les bienvenus en Europe, et Doctolib pourrait invoquer les lois antitrust pour attaquer son concurrent en justice à l’instar d’OVH Cloud qui s’en est récemment pris à Microsoft.
L’intérêt de Google pour le domaine de la santé pourrait en revanche être un frein à l’expansion internationale de la licorne française qui risque d’avoir du mal à s’emparer d’une partie du marché américain.
