anorexie-mentale

La Manorexie ou Anorexie Mentale, une maladie encore peu diagnostiquée

L’anorexie et d’autres troubles de l’alimentation sont souvent associés aux femmes et aux filles. Cependant, les hommes et les garçons souffrent également de troubles de l’alimentation, et les conséquences peuvent être graves. 

En fait, parce qu’il existe une stigmatisation selon laquelle les hommes ne souffrent pas d’anorexie, ils sont moins susceptibles de se faire soigner, et lorsqu’ils le font, ils ne sont souvent ni diagnostiqués ni traités.

Elle est encore plus dure à déceler et les hommes qui en souffrent ont du mal à demander de l’aide, par peur des préjugés ou par ignorance du problème, pensant que l’anorexie ne les concerne pas. 

En effet, le pourcentage de cas d’anorexie chez l’homme est évalué à 10%. 

On parle d’anorexie mentale chez l’homme, ou de « Manorexie ».

Le psychisme au centre du trouble

Il n’existe pas de causes physiques à l’anorexie, chez l’homme comme chez la femme. La maladie a tendance à se manifester au début de l’âge adulte. Les patients semblent être motivées par une déformation de la perception de leur image et de leur poids qu’on appelle la dysmorphophobie.

L’anorexie mentale est un état de santé mentale caractérisé par l’adoption d’habitudes alimentaires désordonnées comme moyen d’atteindre la minceur perçue, telles que la restriction alimentaire, l’hyperphagie boulimique ou la purge.

Les méthodes choisies vont du jeûne, aux pilules amaigrissantes, en passant par le jeûne, le vomissement ou les laxatifs.

« Ce que démontrent les études épidémiologiques c’est que cela concerne plutôt les hommes ayant des métiers basés sur l’apparence ou contrôlant leur poids corporel (mannequins, certains sportifs de haut niveau) ou plutôt historiquement féminins (fleuristes) ou encore évoluant dans le domaine de l’alimentation. Comme pour les anorexies féminines, les catégories sociales favorisées sont plus touchées », explique le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste à Paris. 

Malgré ces liens entre l’anorexie masculine et la communauté gay, la plupart des hommes vivant avec un trouble de l’alimentation sont généralement hétérosexuels.

Pour les filles vivant avec l’anorexie, « mince » signifie souvent exceptionnellement maigre. Elles peuvent simplement vouloir s’adapter à la plus petite taille possible et ne pas se soucier de la force ou de l’apparence de muscles toniques et définis.

Chez les hommes et les garçons, ce trouble de l’alimentation signifie souvent être mince tout en paraissant fort.

Contrairement à certaines femmes qui sont obsédées par la perte de poids, de nombreux hommes souffrant d’anorexie peuvent non seulement restreindre leur alimentation, mais peuvent également :

– faire de l’exercice de manière excessive . « L’homme souffrant d’anorexie s’adonne très intensivement à la pratique d’une activité sportive : plusieurs heures par jour, tous les jours », avertit Jean-Michel Huet, psychologue psychanaliste.

– opter pour une sélection alimentaire stricte. « Plutôt qu’une importante restriction alimentaire comme c’est le cas chez la femme, l’homme va plutôt sélectionner ce qu’il mange- explique le psychologue- Il va s’orienter vers des aliments bons pour la pratique sportive. Il n’est alors plus question de manger pour se faire plaisir, mais de manger pour obtenir la musculature souhaitée ».

– prendre une abondance de suppléments alimentaires protéinés

– utiliser des stéroïdes

– essayez des régimes à la mode conçus pour améliorer les muscles et réduire les graisses

Beaucoup de gens pensent qu’un faible poids corporel est le signe avant-coureur le plus évident de l’anorexie. Mais la forme du corps masculin peut masquer une perte de poids excessive plus facilement que le corps d’une femme.

« Avoir l’air mince » est l’un des derniers signes avant-coureurs de l’anorexie masculine à être remarqué.

Les alertes

Les signes avant-coureurs de l’anorexie masculine peuvent inclure :

– Un indice de masse corporelle (IMC) trop bas. On la considère comme modérée lorsqu’elle tombe en dessous de 18,5 kg/(m)², sévère en dessous de 15 kg/(m)² et engage le pronostic vital en dessous de 12,5 kg/(m)².

– des visites fréquentes aux toilettes après ou pendant un repas

– une hyper concentration sur l’entraînement, même en cas de blessure ou par mauvais temps

– la frénésie alimentaire

– Une hyperactivité physique

– un habillage en couches

– nier avoir faim

-l’évitement alimentaire

– des règles ou habitudes alimentaires strictes

– une fixation sur les informations nutritionnelles ou le nombre de calories

–  pesée constante

– éviter les rassemblements sociaux où la nourriture est servie

– stress ou anxiété lorsqu’une séance d’entraînement est manquée

– préoccupation excessive pour la musculation ou le développement physique

– déclarations sur le fait d’être mécontent de son poids ou de son image corporelle

– l’apparition de rituels alimentaires, comme organiser la nourriture d’une certaine manière

Les Signes et symptômes installés

Les signes d’anorexie masculine peuvent inclure :

– la diminution de la libido

– se sentir faible ou léthargique

– intolérance au froid

– problèmes digestifs

– niveaux de laboratoire anormaux, tels que l’anémie ou de faibles niveaux d’hormones

– étourdissements ou évanouissements

– trouble du sommeil

– cicatrisation lente ou mauvaise

– immunité altérée

– peau jaune

– changements dentaires

– amincissement ou perte de cheveux

– coupures ou gonflement des mains et des doigts

– difficulté de concentration

– restriction de l’apport énergétique qui conduit à un poids corporel significativement faible

– peur intense de prendre du poids

– comportement persistant qui interfère avec la prise de poids

– sentiment de faible estime de soi ou perturbation liée au poids ou à la forme corporelle

– manque de sensibilisation ou de reconnaissance concernant la gravité du faible poids corporel

Les causes et les facteurs de risque

Comme pour les autres troubles de l’alimentation, aucune cause singulière derrière l’anorexie mentale, quel que soit le sexe, n’a été identifiée, mais il existe un certain nombre de facteurs de risque biologiques, psychologiques et socioculturels qui peuvent rendre certains hommes plus vulnérables au développement d’un trouble de l’alimentation.

« Elle a été essentiellement amplifiée par l’essor culturel d’une nouvelle représentation du corps masculin (mode, cosmétiques et soins pour les hommes, publicités, etc.) », souligne le Dr Chicheportiche-Ayache. 

« Les hypothèses sont nombreuses et variées notamment d’un point de vue psychanalytique. Le rôle majeur que représente le physique dans notre société ainsi que l’augmentation des troubles anxieux et des troubles de l’humeur seraient des facteurs favorisant l’apparition de ces troubles », détaille la nutritionniste.

Facteurs aggravants

De nombreux facteurs peuvent augmenter les risques de souffrir d’anorexie ou de troubles de l’alimentation, tels que :

– vivre une expérience traumatisante

– l’utilisation abusive des réseaux sociaux

– la solitude

– milieu culturel très défavorisé

– le perfectionnisme

– des antécédents de trouble anxieux

– une stigmatisation culturelle liée au poids

– être victime d’intimidation ou de harcèlement

– des antécédents de régime à répétition

– déficits énergétiques réguliers dus à la maladie, à l’athlétisme ou à un régime

– avoir un parent proche vivant avec un trouble de l’alimentation ou un problème de santé mentale

– une inclination naturelle vers une pensée ou des comportements inflexibles

– les traumatismes intergénérationnel

Les options de traitement

L’anorexie peut entraîner de graves complications de santé et mettre la vie en danger. 

Avant tout traitement, le patient doit être évalué dans sa globalité (état somatique, psychique et nutritionnel, dynamique sociale et familiale). Ce n’est qu’au terme de ce bilan, qu’un contrat de reprise de poids peut être passé avec le patient. L’équipe soignante peut recommander une récupération supervisée dans un établissement de soins, selon la gravité.

Plusieurs personnes peuvent être sollicitées, comme le médecin traitant, un pédiatre, un médecin spécialiste, un psychologue, un psychiatre ou un pédopsychiatre.

Consulter un thérapeute peut également être utile. L’anorexie peut causer de nombreux effets physiques, mais comprendre ce qui motive vos comportements peut faire une différence majeure dans le résultat de votre rétablissement.

Certains types de thérapie couramment utilisés pour l’anorexie et les troubles de l’alimentation comprennent :

• thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

• thérapie d’acceptation et d’engagement 

• thérapie familiale

• thérapie comportementale dialectique 

• psychothérapie interpersonnelle 

• psychothérapie psychodynamique

N’importe qui peut développer une anorexie mentale, quelle que soit son identité. Des millions d’hommes ont vécu avec un trouble de l’alimentation.

La peur d’être qualifié de « faible » ou de voir votre orientation sexuelle remise en question peut vous empêcher de demander conseil à un professionnel. Mais l’anorexie peut être grave et potentiellement mortelle.

La guérison est possible et il est important de demander l’aide d’un médecin et d’un thérapeute. 

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