Intimement liée à la naturopathie, cette pratique qui nous vient du Japon n’a pas d’origine clairement identifiée, mais semble remonter à plusieurs siècles. Les peuples traditionnellement proches de la nature, comme les Indiens d’Amérique, ont toujours entretenu des rapports étroits avec les plantes et la forêt, leur attribuant notamment des pouvoirs de guérison. Arrivée en France dès la fin du XIXe siècle, la sylvothérapie connaît aujourd’hui un engouement croissant. Mais que recouvre exactement cette technique ? Quels en sont les principaux courants et comment la pratiquer ? En quoi est-elle bénéfique pour la santé ? La rédaction s’est penchée sur la question.
La sylvothérapie, une spécialité de la naturopathie
L’étymologie latine du mot associe « silva », la forêt, et « therapeia », qui signifie cure. On désigne aussi cette technique sous le nom de dendrothérapie, du grec « dendron » (arbre). Il s’agit donc d’une thérapie du bien-être et de la santé grâce à l’arbre. Si elle est également connue sous le terme réducteur de « câlin aux arbres », cette pratique ne saurait cependant être réduite à enlacer un tronc lors d’une balade en forêt !
Le principe est simple : puiser dans l’énergie bénéfique des feuillus et résineux pour retrouver équilibre et santé. Largement pratiquée au Japon, cette technique associée à la naturopathie permet de soulager de nombreux troubles mentaux et physiques.
Selon les essences, les bienfaits apportés par la dendrothérapie sont différents. Ainsi, d’après certains spécialistes, l’épicéa possède des vertus tonifiantes, le hêtre est plutôt apaisant, etc. On peut d’ailleurs repérer des correspondances entre les propriétés des huiles essentielles et celles des espèces dont elles sont extraites.
Anti-stress, ludique et bonne pour le corps : une pratique aux multiples bénéfices
Il existe cinq grandes formes de pratique de la dendrothérapie, déterminées selon le but de la séance et les techniques utilisées :
- Antistress : cette approche vise à apaiser le mental et à retrouver la sérénité, à travers des exercices de relaxation et d’assouplissement. Ces séances en forêt diminuent la production de cortisol (l’hormone du stress) par l’organisme.
- Énergétique : cette pratique plus poussée est orientée vers la restauration de l’énergie vitale. Elle comporte une part de connaissance des espèces, chaque essence possédant ses bienfaits propres. Elle s’inscrit aussi dans une démarche de développement personnel et permet de surmonter certains chocs émotionnels. Les séances incluent des temps de méditation et des exercices visant à restaurer le potentiel énergétique.
- Créative : dans cette approche, l’objectif est plutôt artistique. La personne crée, à partir ou autour de l’arbre, une œuvre éphémère dans l’esprit du land art. Il peut aussi s’agir de photographie, par exemple.
- Récréative : comme son nom l’indique, il s’agit d’une pratique essentiellement ludique. Au programme, on retrouve la connaissance des végétaux, ainsi que la libération de la créativité.
- Culinaire : ici, la séance a vocation à découvrir les plantes comestibles et la façon de les accommoder. Elle se déroule donc généralement en trois temps : cueillette, cuisine et dégustation.
Du bien-être à la guérison : les bienfaits de la sylvothérapie
Le contact avec la nature offre bien souvent une sensation de détente, d’apaisement et de mieux-être. Cela s’explique sans doute par le fait que cet environnement fut le cadre dans lequel l’homme évolua durant des millénaires.
Autre constat des praticiens : en chromothérapie, le vert est une couleur apaisante. La proximité de la végétation a donc un effet bénéfique sur le stress et les tensions mentales. D’un point de vue biologique, l’homme est capable de sentir les effluves émises par les arbres : selon un chercheur de l’INRA, les terpènes ont une action stimulante sur la production de la sérotonine et de la dopamine, les hormones « anti-stress » par excellence.
Le Dr Aubé, l’un des fondateurs du Syndicat national de la phyto-aromathérapie, souligne certains effets biologiquement prouvés des bains de forêt : diminution du taux de cortisol, réduction de la tension artérielle et du rythme cardiaque…
D’un point de vue général, la thérapie des arbres peut apporter des bienfaits dans toutes sortes de situations :
- diminution du taux de glycémie ;
- ralentissement de la production de l’adrénaline et de la noradrénaline ;
- action immunostimulante ;
- apaisement des symptômes liés à la dépression ou au burn-out ;
- diminution des troubles liés à l’hyperactivité ;
- effets bénéfiques sur la vitalité, l’énergie, la concentration…
Des balades en forêt aux stages de formation…
Seul, en duo ou en groupe, à l’heure ou à la journée, voire en stages multi-thématiques, le « bain de forêt » se développe à grande vitesse. Adaptées aux adultes comme aux enfants, ces sorties en pleine nature sont l’occasion de se reconnecter à l’essentiel et de favoriser les liens sociaux. Elles sont également proposées dans le cadre de la gestion des émotions ou pour surmonter des blocages émotionnels.
La dendrothérapie fait partie des ateliers de teambuilding plébiscités par les professionnels. Gestion du stress et des conflits, cohésion d’équipe, esprit d’entreprise : les atouts de cette pratique sont nombreux pour les compagnies.
Les collectivités s’intéressent aussi aux bains de forêt, quel que soit le type de public concerné : enfants, personnes en situation de handicap…
Enfin, l’offre de formation se développe en France, soutenue notamment par l’Association francophone des professionnels de sylvothérapie. Des praticiens reconnus, comme la sylvothérapeute et conférencière Laurence Monce ou le biologiste Jean-Marie Defossez, proposent désormais des stages de formation à la dendrothérapie.
La sylvothérapie se pratique en forêt… Mais pas uniquement
L’un des atouts de cette méthode est qu’elle peut être transplantée dans n’importe quel cadre arboré, voire en intérieur. Si les forêts restent l’idéal, en ville, il est tout à fait envisageable de profiter des bienfaits des arbres dans un parc ou un jardin.
Le meilleur endroit pour pratiquer la dendrothérapie reste la forêt, de préférence naturelle et présentant des arbres et des plantes d’espèces variées. Ce type de sortie doit durer au moins une heure et demie, 2 à 3 heures étant plus indiquées. Cette période laisse à la personne le temps nécessaire pour se détendre, éveiller ses cinq sens à son environnement et entrer en résonance avec la forêt.
Les vertus de l’arbre : une connaissance loin d’être nouvelle
Dès le 1er siècle de notre ère, Pline l’Ancien attribuait déjà des propriétés thérapeutiques aux arbres. Plus près de nous, les peuples dits « primitifs » comme les Indiens ou les Aborigènes vivaient en harmonie avec la nature et connaissaient le pouvoir des plantes.
Dans les années 1930, certains sanatoriums s’intéressaient aux thérapies naturelles dans le cadre du traitement de la tuberculose et de diverses atteintes respiratoires, ainsi que dans les cas de dépression, notamment.
De nos jours, au Japon, le bain de forêt ou shinrin-yoku est pratiqué au Japon comme une thérapie à part entière. Cette immersion dans l’univers des résineux et des feuillus favorise non seulement la détente et l’ancrage dans l’instant présent, mais aussi la guérison et la joie de vivre.
Loin d’être un simple effet de mode, la sylvothérapie ouvre des horizons passionnants dans le champ des médecines alternatives. Dans un monde où tout va trop vite, prendre le temps de se recentrer et de puiser dans l’énergie séculaire de la forêt n’est pas vide de sens… La thérapie par les arbres semble bien avoir de beaux jours devant elle !