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La cyberdépendance, addiction du XXIème siècle

Quand on entend le mot « addiction », on pense cannabis, alcool, tabac, cocaïne, mais le spectre des dépendances est plus large, et s’étend des substances licites ou illicites, aux addictions qui n’impliquent pas la consommation de substances psychoactives. On les appelle les addictions comportementales.

Il s’agit, pour les plus connues, des jeux de hasard et d’argent, du sexe, des troubles alimentaires, du sport en excès, ou encore de la dépendance affective.

Mais depuis les années 2000, notre société tout entière est envahie par les écrans, le digital, l’e-world en général. On voit apparaître de nouveaux comportements addictifs qui ont tous le même dénominateur commun : Internet.

Internet : vecteur des addictions numériques

La cyberaddiction, appelée aussi cyberdépendance ou netaholism désigne un trouble du comportement qui se caractérise par le besoin obsessionnel d’utiliser ou de consulter des appareils connectés à Internet, au détriment d’autres activités.

La dépendance numérique englobe plusieurs éléments : l’outil informatique (jeux vidéo, jeu d’argent), les achats en lignes, les activités sexuelles en ligne, les formes de communications synchrones et asynchrones (applications de rencontre, e-mails, chat, forums, messageries, réseaux sociaux pour n’en citer que quelques-unes). 

Les personnes qui en souffrent nourrissent une préoccupation obsédante et une incapacité à résister à se connecter. Ce phénomène s’accompagne souvent d’une importante perte de temps en ligne, un abandon des autres activités réelles, des symptômes de manque, des conséquences sociales et psychologiques, telles que l’isolement et la dépression. On peut insidieusement passer de la communication, à la solitude..

Progrès ne rime pas toujours avec épanouissement et l’intrusion du numérique dans les foyers a ouvert la porte à des pathologies comportementales comme l’addiction aux jeux en ligne, au cyber sexe ou aux achats compulsifs.

Via Internet, l’addict se soulage autant de fois qu’il le désire, puisque la Toile est capable de répondre à son manque puissance 1000. Le web pousse à la consommation et exacerbe les tensions déjà existantes.

Internet est donc un vecteur de ces différentes addictions, par le biais des écrans, et notamment le smartphone, qui nous accompagne partout dans notre vie quotidienne. 

La digitale défonce : l’addiction aux écrans

Aujourd’hui, nous avons quasiment tous et toutes au moins un smartphone, une tablette, un ordinateur portable… Ou les trois ! Avec ces outils, on envoie des SMS, des e-mails, on utilise WhatsApp, Télégramme ou Signal, on prend des photos, des vidéos. On est présent et actif sur un ou plusieurs réseaux sociaux où l’on poste commente, like, communique via la messagerie. 

L’utilisation excessive du smartphone n’est pas anodine. Passer du temps sur son smartphone le soir avant de s’endormir peut altérer le sommeil. Les diodes colorées affectent la sécrétion de mélatonine (l’hormone du sommeil) et notre horloge biologique. Certains utilisateurs entendent des vibrations et des sonneries fantômes. D’autres usagers sont victimes de nomophobie, ou la peur d’être séparé de son téléphone mobile. Des sensations d’inconfort et une anxiété naissent et perdurent. Les performances cognitives diminuent.

La majorité́ des utilisateurs de smartphone se réfèrent au temps passé sur leur mobile pour évaluer leur degré́ de dépendance. Pourtant, contrairement à̀ ce que l’on pourrait penser, la durée d’utilisation n’est pas vraiment le critère principal pour définir la dépendance aux écrans. 

En réalité́, le temps passé sur ces outils est plutôt à considérer comme un symptôme du comportement addictif, mais pas comme la racine de ce comportement. 

Ce qui est véritablement central dans les comportements excessifs avec les écrans, c’est le rapport que l’on entretient avec eux (certaines personnes les considèrent comme des joujoux, des doudous, voire leur meilleur ami ou même une extension d’elles-mêmes… d’autres, comme de simples outils pratiques) et les émotions qu’ils génèrent en nous.

Le plaisir : l’émotion centrale dans tout mécanisme d’addiction 

À l’origine de tous les comportements qui tendent à être excessifs, il y a la recherche de plaisir ou l’évitement de la souffrance. Dans l’addiction aux produits (tabac, alcool, drogues…), le produit en question est ingéré́ et remplace les voies naturelles du plaisir. Les addictions comportementales (jeu, sexe…) ne provoquent pas de sensation immédiate dans le cerveau altérant l’esprit, mais le comportement en question est perçu comme une solution de plaisir pour faire face à des émotions difficiles ou désagréables. 

À la longue, le temps passé sur ces outils, à essayer de tromper l’ennui sans réussir à s’en débarrasser pour autant, peut sembler trop important et la notion de plaisir peut glisser progressivement vers une impression faussée de plaisir illusoire. Le cerveau finit par confondre la source de plaisir avec ce que celle-ci venait combler initialement. Il s’est habitué à cette source de plaisir, il est revient machinalement, sans se rendre compte que le plaisir n’est plus aussi sain qu’avant.

La racine d’un comportement addictif réside donc dans ce que ce comportement vient remplacer, compenser ou combler dans notre vie. 

On peut ainsi parler de relation excessive et de dépendance aux écrans, même si cela n’est pas encore validé par les autorités de santé.

L’impression d’excès est de toute façon suffisante pour vouloir prendre les choses en main et changer. 

La nécessité d’une détox digitale.

Certes, Internet est un terrain propice à la création d’addictions de tous ordres, mais il n’est au fond que le révélateur des faiblesses qui sont les nôtres. C’est bien le stress, l’anxiété ou la faible estime de soi qui peuvent nous rendre dépendant. Internet n’est qu’un amplificateur, un miroir pervers de nos manies.

En prendre conscience c’est déjà entamer un processus de guérison. Commencer par adopter une attitude positive et constructive, et cesser d’être passifs devant l’écran, c’est aussi régler une bonne partie du problème.

Pour aller plus loin, il est parfois nécessaire de se « sevrer » progressivement des sources d’hyperconnexion.

Le principe de la digital détox est de s’éloigner des écrans, ponctuellement ou tout au long de l’année, à travers diverses actions visant à changer ses habitudes et à se concentrer sur des activités déconnectées.

Il s’agit de réapprendre à ne rien faire de particulier, sans écran sous les yeux. 

D’accepter de s’ennuyer, et d’apprécier le vide fécond qui est source de créativité.

La méditation, la relaxation, ou la respiration profonde sont autant d’outils pour se reconnecter aux sensations réelles de notre corps.

Le principe est donc de mettre de la distance avec nos outils numériques, pour débrancher un peu, laisser le cerveau au repos et tout simplement prendre du temps déconnecté́, loin de la frénésie des écrans et des réseaux sociaux.

Le sevrage total n’est pas utile à long terme pour les accros, mais offre une aide temporaire. 

Et pour ceux qui ne peuvent absolument pas décrocher, il existe des spécialistes de la question des addictions comportementales.

Il n’est pas facile de revenir à une utilisation raisonnable du numérique. Pourtant, le jeu en vaut vraiment la chandelle. Il en va de notre équilibre et de notre épanouissement personnel.

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