C’est prouvé : le sport est excellent pour la santé, tant mentale que physique… à condition qu’il ne devienne pas une obsession. Mal connue, la bigorexie se définit comme une addiction à l’activité physique, qui touche principalement les hommes (sans exclure les femmes pour autant) et s’accompagne de troubles du comportement alimentaire. Mais comment devient-on bigorexique ? Devant quels symptômes faut-il s’alarmer ? Et surtout, existe-t-il des traitements efficaces ?
La bigorexie : mieux comprendre cette addiction
Officiellement reconnue par l’OMS depuis 2011, la bigorexie, qui tient son nom de l’anglais « big » et du grec « orexie » signifie littéralement « soif de grandeur ». Mais pas n’importe laquelle : la grandeur qu’on obtient par le biais de l’exercice physique, en particulier le fitness mais pas seulement. Toutes les disciplines sont concernées, y compris les sports d’équipe puisque le footballeur Bixente Lizarazu a déclaré en 2018 être bigorexique. C’est le propre de tout sportif de haut niveau, pourrait-on penser, que d’être constamment stimulé par l’envie de se dépasser, de battre ses propres records, d’être dans une forme physique resplendissante. Cependant, du point de vue strictement médical, le bigorexique va plus loin : il souffre d’une véritable addiction. Ce qui veut dire que la pratique sportive s’impose comme une nécessité et conditionne l’existence entière du bigorexique, de son emploi du temps à son alimentation en passant par ses relations sociales.
Symptômes de la bigorexie : comment les identifier ?
Mais alors, comment différencier cette pathologie d’une passion classique pour le sport, ou encore de la pratique d’un sport de haut niveau requérant un entraînement intensif ? En réalité, si le bigorexique consacre autant de temps à ses activités sportives qu’un professionnel, son comportement est très différent. Loin de s’épanouir dans sa discipline, il est plutôt dépressif. En effet, l’obsession du bigorexique pour le sport ne naît pas tant du désir d’être le meilleur de sa catégorie que de l’image déformée, négative, qu’il a de lui-même. D’où son désir de contrôler son corps, qui s’accompagne souvent de conduites obsessionnelles au niveau alimentaire : un régime draconien à base de protéines est mis en place, des compléments survitaminés sont introduits… Psychiquement, c’est la dégringolade. Source d’angoisse et d’insatisfaction, le sport pratiqué à l’extrême peut conduire à d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue.
La bigorexie, une addiction qui n’est pas sans conséquences
Comme toutes les addictions, la bigorexie a un impact sur la qualité de vie de la personne concernée. Et ses conséquences sont tant physiques que mentales. Elles touchent d’abord la sphère sociale et professionnelle. En effet, pour pouvoir se consacrer pleinement à sa manie de l’effort, le bigorexique va être amené à s’isoler de ses proches, à s’absenter de son travail ou à décrocher de ses études. Parallèlement, il va souffrir de cette solitude qu’il s’est lui-même créée, tandis que son anxiété va aller en s’accroissant. Côté physique, l’alimentation exclusivement protéinée à laquelle il s’astreint va lui valoir d’importantes carences. Enfin, à force d’entraînement intensif, il s’expose à des dommages physiques comme des déchirures musculaires, des fractures, des tendinites… voire à un risque d’infarctus.
Quels traitements pour guérir de la bigorexie ?
Pour guérir d’une telle addiction, il faut d’abord identifier la souffrance qui se cache derrière le rythme frénétique du malade. Tantôt ce sont les proches qui donnent l’alerte, tantôt c’est le médecin traitant, alarmé devant l’état général de son patient. Dans d’autres cas, le bigorexique lui-même finit par consulter, conscient qu’il est à bout.
La prise en charge est pluridisciplinaire : elle en passe par un médecin du sport, un psychologue, un nutritionniste… L’idéal est de s’adresser à un CSAPA (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie). Une thérapie comportementale est mise en place, au cours de laquelle le bigorexique apprend à reconsidérer la vision qu’il a de lui-même et, par extension, à renoncer à ses pratiques addictives. Parallèlement, il retravaille son rapport à l’alimentation afin de rééquilibrer ses apports nutritionnels.
Parfois comparée à l’anorexie, qui repose sur le même souci de façonner son corps selon une image idéale, la bigorexie est une addiction à l’effort dont les conséquences sont multiples. Pour en sortir, il n’est pas toujours nécessaire d’abandonner totalement le sport : par contre, il est vital d’identifier le mal-être cause de l’addiction et de transformer l’activité intensive et épuisante d’antan en plaisir. Pratiqué à un rythme raisonnable et débarrassé de l’obsession de faire toujours mieux, le sport redevient ainsi synonyme de bonne santé mentale et physique.