Depuis quelques semaines, les cas d’enfants malades à la suite d’une contamination à Escherichia coli se multiplient. On recense deux décès et plus de 70 cas graves. Un lien a été établi entre ces contaminations et des pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up de Buitoni.
Qu’est-ce que la bactérie E.Coli ?
E.Coli, de son nom complet Escherichia coli, est une bactérie naturellement présente dans le tube digestif des animaux à sang chaud, y compris celui des humains. Elle peut contaminer des aliments et provoquer de graves problèmes de santé potentiellement mortels, en particulier chez les enfants.
Les différentes souches d’Escherichia coli
E.Coli présente un grand nombre de souches. Elles sont en majorité totalement inoffensives, mais certaines se révèlent particulièrement pathogènes. C’est le cas des souches dites STEC (pour Shiga-toxin-Producing Escherichia coli) qui produisent des Shiga-toxines. Les E.Coli STEC qui présentent un danger pour l’humain sont également appelées ECEH (pour E. Coli entérohémorragiques).
Les vecteurs de contamination
Les bactéries ECEH pathogènes résident généralement dans le système digestif des bovins. En cas de manquement aux règles d’hygiène dans la préparation des aliments, elles peuvent se déposer sur la viande ou dans le lait. La majorité des contaminations se font donc par le biais de viande de bœuf insuffisamment cuite ou de produits laitiers au lait cru. Il arrive également que des produits végétaux soient contaminés, en particulier des fruits et légumes consommés crus.
Les conséquences de l’infection à E.Coli
Trois à dix jours après l’ingestion des aliments souillés, les E. Coli entérohémorragiques provoquent des diarrhées sanglantes (colite hémorragique). Dans 90% des cas, ces diarrhées entraînent l’évacuation de la bactérie et la guérison du patient.
Cependant, les toxines libérées par les ECEH provoquent chez 10% des personnes infectées un syndrome hémolytique et urémique (SHU). Cette atteinte gravissime des reins entraîne une insuffisance rénale mortelle dans 1 à 3% des cas. Les Shiga-toxines altèrent également la composition sanguine, et sont à l’origine d’atteintes neurologiques pouvant conduire au coma dans 25% des cas.
La majorité des cas graves d’intoxication à Escherichia coli concernent des enfants de moins de 15 ans, particulièrement les plus jeunes. Les enfants de moins de 3 ans totalisent 71% des cas de SHU. Les personnes âgées et fragiles peuvent également être concernées.
Quel traitement en cas d’infection à E.Coli ?
Le traitement de la colite hémorragique se base essentiellement sur les méthodes de réhydratation. Les médecins préfèrent généralement ne pas prescrire d’antidiarrhéiques afin de faciliter l’évacuation de la bactérie avec les selles.
Il n’existe à ce jour pas de traitement permettant de guérir le syndrome hémolytique et urémique. La toxine est éliminée naturellement par l’organisme. Les traitements (transfusions, médicaments contre l’hypertension, dialyse, limitation des boissons…) sont destinés à protéger les organes.
L’utilisation d’antibiotiques n’est pas recommandée. En effet, ils entraînent une destruction des bactéries qui s’accompagne d’une libération massive des toxines dans l’organisme.
Quelles sont les symptômes d’une contamination à E.Coli ?
Les symptômes apparaissent généralement dans les trois à cinq jours qui suivent l’infection. Cependant, la durée d’incubation peut atteindre dix ou même quinze jours dans certains cas.
Les premiers symptômes sont ceux de la colite hémorragique :
- des maux de ventre ;
- des diarrhées aqueuses dans un premier temps qui deviennent ensuite sanglantes ;
- parfois des vomissementsn des maux de tête et de la fièvre.
Les symptômes du SHU apparaissent environ une semaine après les premiers signes digestifs :
- des urines plus rares et très foncées ;
- une grande pâleur du visage ;
- des bleus sur le corps ;
- des saignements de nez ;
- des maux de tête ;
- un essoufflement ;
- des convulsions ou des crises d’épilepsie ;
- une fatigue extrême, voire un état comateux.
De façon générale, un enfant ayant subi un épisode de diarrhée hémorragique doit faire l’objet d’une surveillance attentive. Il est nécessaire de consulter rapidement un professionnel de santé dès l’apparition d’un nouveau symptôme.
Les enfants atteints de SHU doivent être hospitalisés. La plupart se rétablissent rapidement, mais dans 5 à 10% les séquelles rénales nécessitent la mise en place d’une dialyse à long terme ou une greffe ainsi que d’un régime alimentaire adapté.
Le rappel des pizzas Buitoni
En février et mars 2022, les professionnels de santé ont signalé un nombre anormalement élevé d’enfants atteints de SHU partout en France. Sur les 75 cas recensés, deux jeunes patients sont décédés et plusieurs autres sont dans le coma. Mi-mars, les investigations menées ont permis de déterminer l’origine de ces contaminations. Il s’agit de pizzas surgelées Fraîch’Up de la marque Buitoni.
Les autorités de santé ont donc décidé un rappel de ces produits, qui ne peuvent plus être commercialisés. Tous les Français sont invités à vérifier que leur congélateur n’en contient pas, et à les détruire le cas échéant. Les personnes ayant consommé ces pizzas doivent consulter immédiatement en cas d’apparitions de symptômes.
L’enquête se poursuit pour déterminer la cause exacte de la contamination. Des témoignages d’anciens employés pointent du doigt une mauvaise hygiène de l’usine de production. De son côté, Nestlé (propriétaire de Buitoni) assure que les premières analyses menées dans l’usine n’ont pas révélé la présence de la bactérie.
E.Coli, salmonelles, listeria : des vagues de contamination régulières
Ce n’est pas la première fois que la bactérie E.Coli fait parler d’elle dans les médias. En 2011, plusieurs milliers de personnes ont été contaminées en Europe, et 47 en sont malheureusement décédées. Les soupçons s’étaient tout d’abord portés sur des concombres, mais ce sont finalement des graines germées de fenugrec qui étaient à l’origine des contaminations.
Les épidémies d’E.Coli restent néanmoins rares. La listériose et la salmonellose sont responsables de contaminations beaucoup plus fréquentes. Chaque année, la salmonellose est responsable de plusieurs centaines de décès en France.